Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée
Albin

Non, Madame.

Agripine

Qu'entends-je ?

Albin

Germanicus le pleure, et peut-être le venge. Pison en le servant a fini son destin. Je ne puis sans frémir en nommer l'assassin. Pour jeter dans votre âme une horreur légitime, Je vais vous étaler la noirceur de son crime ; Et de Pison mourant vous tracer un portrait, Qui vous fasse oublier l'affront qu'il vous a fait. Quoi que Germanicus crût sa mort assurée, Et qu'en le caressant l'Empereur l'eût jurée ; Ne pouvant l'éviter s'il quittait vos appas, Il la voyait venir, et ne la fuyait pas. Si de quelque douleur son âme était frappée, C'était du seul regret de vous avoir trompée ; Et de s'être attiré de si tendres adieux Sans avoir eu dessein d'abandonner ces lieux : Mais ce Prince, sensible à vos justes alarmes, Voulait en vous trompant vous épargner des larmes ; Et par le feint départ que son coeur projetait, Calmer l'inquiétude où son sort vous jetait. En sortant d'avec vous il fut revoir Tibère ; Qui profanant toujours le sacré nom de père, D'abord qu'il l'aperçoit lui présente la main : Et pour hâter l'effet de son lâche dessein Dans un Appartement où la richesse abonde, Marqué dans le Palais pour l'héritier du monde, Le conduit avec pompe, et veut que son aspect Aux premiers de sa Cour imprime du respect. Il le quitte : et soudain à force d'artifices Contre un fils si fameux anime ses complices. De crainte d'éclairer le plus noir des forfaits On dirait que le jour disparaît tout exprès :