Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

Car pour oser prétendre à vous voir mon époux, Le Ciel met trop d'espace entre Agripine et vous. Rentrez donc en vous-même, et voyez qui vous estes. Drusus ne saura point l'affront que vous lui faites : Quelque pitié qu'excite un si faible rival, Il trahirait son rang à vous en vouloir mal. Je lui veut épargner cette indigne vengeance. Mais par votre respect méritez mon silence. À de moindres objets accoutumez vos voeux ; Et ne me forcez point à plus que je ne veux. Après un tel avis je suis preste d'apprendre Ce que .vous témoignez me vouloir faire entendre ; Sûre qu'à votre orgueil, que je viens d'abaisser, Il n'échappera rien qui me puisse offenser.

Pison

Malgré ce fier mépris, je ne perds pas l'envie De vous être fidèle au dépens de ma vie. Quoi que sous votre empire un coeur puisse endurer, À toutes vos rigueurs j'ai su me préparer. Mon sort, que vos bontés pouvaient rendre moins rude, Est d'avoir plus d'amour que vous d'ingratitude ; Et vous condamnerez votre injuste courroux, Quand vous aurez appris ce que je fais pour vous. Quoi que Germanicus soit la gloire de Rome, Et que le monde entier n'ait pas un plus grand homme ; Quoi que de sa défaite il ait vengé Varus ; Assujetti le Rhin ; soumis Arminius ; Quoi qu'il ait des vertus dignes qu'on le révère ; Le bruit de ses exploits est suspect à Tibère : Et pour le Consulat il me fait designer, Si je veux cette nuit l'aller assassiner.