Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

Laisse à mon triste sort la douceur d'être plaint. À votre amour trahi je dois ce sacrifice. Mon coeur qui fit le crime aura soin du supplice ; Et mon dernier soupir, offert à vos appas, Justifiera...

Livie

Seigneur, ne m'attendrissez pas. Si je m'étais rendue à vos fausses tendresses Vous me seriez garant de toutes mes faiblesses. Contentez-vous du trouble où vous me réduisez : Je vous haïrai trop si vous me séduisez. Cessez de m'étaler le remords qui vous gêne : Vous me faites douter du succès de ma haine ; Et preste à me venger de votre trahison Vous corrompez, ingrat, jusques à ma raison : Elle, mon coeur, et vous, tout cherche à me surprendre. Reprenez vos écrits, si vous les voulez prendre, Seigneur ; je risque trop à demeurer ici.

Drusus

Hé bien, je les reprends, vous le voulez ainsi. Mais s'il vous reste encor quelque ombre de tendresse, Souffrez que de nouveau mon coeur vous les adresse ; RACINE (Jean), Bérénice (Acte III, scène 3, v.888) : "Hé bien, vous le voulez, il faut vous satisfaire." Et que tant de serments une fois violez, Pour ne l'être jamais vous soient renouvelez. Laissez-moi vous redire

Il lit un des billets que Livie lui a rendus.

Adorable Livie, Quand je songe aux honneurs qui me sont destinez, Je crois avoir perdu les moments de ma vie Que je ne vous ai pas donnez. Gloire, Plaisirs, Grandeurs, sans vous tout m'importune ;