Scène IV
Enfin, Prince, votre âme a lieu d'être contente : Vos illustres exploits ont rempli notre attente : Si l'on doit d'un grand coeur attendre un grand effet, On attendait de vous ce que vous avez fait. Moi, qui pour vous, Seigneur, n'ai rien craint de funeste, Apprenant vos Combats, je devinais le reste ; Et souvent de ma joie étalant tout l'excès, En voyant mon visage on lisait vos succès.
Si de l'Elbe et du Rhin l'audace est confondue, C'est à vous, plus qu'à moi, que la gloire en est due. Je dois moins les exploits que j'ai faits en tous lieux À l'effort de mon bras, qu'au pouvoir de vos yeux. L'impatient désir de revoir tant de charmes Animant ma valeur, favorisait mes armes : Plus de mes Ennemis succombaient sous mes coups, Plus je faisais de pas qui m'approchaient de vous : Dans l'espoir de m'y rendre, et d'avoir cette joie, Sur des corps expirants je frayais une voie ; Et trouvais moins de gloire à les priver du jour Immolez à l'État, qu'immolez à l'amour. Je vous aime, et vous vois, mon bonheur est extrême...