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Agripine

Vous ne le direz plus ! ne le dites-vous pas ?

Pison

Dans le trouble inquiet, dont mon âme est atteinte, J'avais presque oublié que ma flamme est éteinte : Mon esprit dégagé reprenait ses liens ; Et le feu de vos yeux rallumait tous les miens. Suspendez leur pouvoir qui fait naître ma peine, Pour apprendre en repos quel sujet me ramène : Et, tandis qu'en ce lieu nous voila sans témoins, Pour juger de mon zèle apprenez tous mes soins. J'étais parti de Rome, et déjà l'âme émue, Je voyais l'Aventin disparaître à ma vue, Lorsqu'avec ce grand air, qui fait pâlir d'effroi, J'ai vu Germanicus avancer prés de moi. Malgré le désespoir où ma flamme est réduite, Votre gloire en danger m'a fait blâmer ma fuite : Le retour de ce Prince allait trop éclater ; Vous l'allez voir paraître.

Agripine

Et je veux l'éviter.

Pison

Vous, Madame ?

Agripine

Oui, Pison, c'est en vain que j'hésite : Pour le voir sans alarme il a trop de mérite. Quand de quelque vertu mon coeur serait armé, Vous savez qu'à le vain-cre il est accoutumé. Ce n'est pas que ce coeur, si je l'en voulais croire, Ne promette à mes voeux d'avoir soin de ma gloire : Quoique Germanicus ait sur lui de pouvoir, De l'espoir du triomphe il flatte mon devoir : À ce devoir crédule il fait sans cesse entendre, Qu'à ses lois, qu'il respecte, il est prêt de se rendre ;