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C'est trahir son rival ; mais Albin, en revanche, Notre hymen achevé, c'est vers lui que je penche : Et je fais à mon tour, pour lui rendre l'espoir, Du débris de l'amour un hommage au devoir. Va revoir ce héros, et dis lui qu'on m'immole ; Mais s'il m'aime toujours que son coeur s'en console ; Et que de mon exemple il se fasse une loi : Je perds bien plus en lui qu'il ne peut perdre en moi. Fais-lui voir que mon âme est dans un trouble extrême...

Albin

Madame, il va paraître, il le verra lui-même. Son amour vous l'amène , il marche sur mes pas.

Agripine

Et que me dira-t-il que je ne sache pas ? Pense-t-il qu'à ses yeux je captive mes larmes ? Il m'est trop cher, Albin, pour le voir sans alarmes : Je sens bien que mon feu n'est éteint qu'à moitié ; Si j'entends qu'il se plaigne il me fera pitié ; Ma raison de mes sens n'étant plus la maîtresse, La pitié que j'aurai séduira ma tendresse ; Et de cette tendresse où je crains le retour, On a qu'un pas à faire, et l'on est à l'amour. Qu'il me fuie.

Albin

À sa flamme épargnez ce supplice : Exiler sa douleur, c'est en être complice. Il ne s'oubliera point à votre auguste aspect : Cet amant qui perd tout ne perd pas le respect. Il vous aime, et vous perd : Sa gloire est sans seconde S'il en coûte une larme aux plus beaux yeux du Monde : Et si lors qu'on l'arrache à de si doux liens,