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Il s’en échappa une lettre d’abord, puis une seconde enveloppe, fermée et toute blanche… Si Pierre avait eu le moindre doute sur le contenu de cette seconde enveloppe, le billet de Mme Brion l’aurait éclairé aussitôt. Il était conçu en ces termes :

« Monsieur,

« Il y a quelques semaines, vous receviez une lettre où l’on vous suppliait de quitter Cannes, et d’épargner un malheur certain à une personne bien éprouvée et qui méritait d’être ménagée. Vous n’avez pas écouté le conseil que cette lettre d’une amie inconnue vous apportait. Aujourd’hui que ce malheur est arrivé, la même amie vient vous supplier de ne pas repousser ce second appel comme vous avez repoussé le premier ! La personne dans la vie de laquelle vous êtes entré pour y prendre une telle place n’espère pas retrouver le bonheur qui lui a été enlevé. Elle vous demande seulement, et, si vous descendez dans votre conscience, vous reconnaîtrez qu’elle en a le droit, de ne pas la condamner sans l’avoir entendue. Elle vous a écrit une lettre que vous trouverez jointe à celle-ci. Ne la lui renvoyez pas, comme vous avez fait de l’autre avec une dureté qui n’est pas de vous. Si vous ne devez pas lire cette lettre, détruisez-la. Mais dites-vous que vous aurez été cruel, bien cruel, pour un cœur qui vous a donné tout ce qu’il a gardé de plus sincère, de plus noble, de plus délicat, de plus vrai. »