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romanesque et à la plus pratique des charités, — que Verdier eût fait une découverte d’une immense valeur industrielle, et que le même Marsh essayât de se procurer le bénéfice de cette invention par le plus sûr moyen, en donnant sa nièce pour femme au jeune physicien, — qu’Andriana et Corancez fussent à l’aguet d’une occasion pour rendre public leur invraisemblable mariage secret, — c’étaient là autant d’histoires différentes de la sienne et qui paraissaient ne devoir jamais lui importer qu’indirectement. Chacune de ces histoires entrait cependant pour quelque chose, comme par un concours prémédité, dans la démarche qu’elle se préparait à faire sur le conseil de Corancez ; et cette démarche elle-même allait préparer un dénouement inattendu et terrible à la tragédie morale où elle était engagée sans y voir d’issue. Ce jeu des événements les plus disparates les uns sur les autres, qui donne au croyant la pacifiante évidence d’une justice supérieure, nous inflige, au contraire, une impression de vertige lorsque, ne croyant pas, nous constatons seulement le stupéfiant imprévu de ces ren contres. Que de fois Ely s’est demandé quel eût été l’avenir de sa passion, même après l’entretien d’Olivier avec Pierre, si elle n’était pas allée sur la Jenny, ce jour-là, pour rendre service à Yvonne, si Marsh ne lui avait pas demandé de réconcilier Verdier et Florence, enfin si le mariage d’Andriana et de Corancez n’avait pas été annoncé à l’archiduc dans des conditions de bravade