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mieux est encore de s’en rapporter à ceux qui connaissent son gendre possible depuis l’enfance, et celle-ci avait fini par échouer chez Mme de Jardes, laquelle était trop intéressée au bon aboutissement de sa petite intrigue pour ne pas défendre son cousin. Mais Mme Scilly la savait très honnête femme et elle avait posé à sa loyauté deux questions qui, pour elle, étaient les plus angoissantes :

— « S’il est religieux ?… » avait répondu la générale. « Peut-être ne pratique-t-il pas assidûment. Vous savez, ma chère Louise, les jeunes gens se laissent aller. Mais qu’il ait des principes excellents, j’en réponds, d’abord sa démission le prouve, et puis j’ai connu sa pauvre mère et sa sœur. Elles sont mortes comme deux saintes… Pour l’autre chose ? c’est plus délicat. Vous comprenez qu’il ne m’en a jamais parlé. Mais je suis sûre d’abord qu’il est libre. C’est un homme d’honneur et il n’aurait pas pensé à Henriette s’il ne l’était pas. Je suis sûre aussi qu’il n’a jamais eu de liaison affichée, du moins à Paris. L’écho m’en serait arrivé. Et comme voici des années qu’il était à l’étranger… »

Que ces conversations, et d’autres analogues, étaient loin ! Cependant elles ne dataient que du printemps. Encore aujourd’hui et quand elle repassait en esprit les semaines décisives de juillet qui s’étaient terminées par les fiançailles de