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DISCOURS DE RÉCEPTION À L’ACADÉMIE FRANÇAISE

renaissance des créatures daignait me dire : « Choisis la forme de ta prochaine existence, » je répondrais : « Permettez-moi d’être toujours simplement ce que j’ai été, un passionné de la plume, un adorateur des lettres, un artisan assidu que son assiduité suffisait à satisfaire. » Laissez-moi, Messieurs, terminer sur ces paroles qui me touchent à une profondeur que je dirais mal. J’y vois l’affirmation d’une foi qui est aussi la mienne et qui achève de donner sa haute physionomie idéaliste à cette vie aujourd’hui close. Elles me permettent de conclure en disant qu’à travers les heurts et les conflits de sa destinée, dans ses tentatives les plus incertaines, comme dans ses efforts les plus heureux, votre regretté confrère fut vraiment un grand homme de lettres. Il est de plus pompeux éloges. Je n’en sais aucun que, pour ma part, je voulusse davantage obtenir et mériter.