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la société des nations

favorables à l’adoption de ce principe n’avaient pu imposer leur manière de voir à une minorité de cinq États qui avaient maintenu leur opposition et l’arbitrage obligatoire n’avait été admis, en fait, que dans deux cas : celui des Dettes contractuelles et celui des Prises maritimes. Toutes les questions touchant à l’honneur et aux intérêts vitaux des États restaient, de l’avis unanime, en dehors de sa sphère.

Mais voici que les faits ont été plus forts que toutes les résistances. L’incident de Casablanca arrive. Et qui a recours à l’arbitrage ? Précisément la France et l’Allemagne, précisément celle des puissances qui avait proposé et celle qui avait combattu l’obligation de l’arbitrage.

Et cependant, ce qui était en jeu, n’était-ce pas une question où se trouvaient engagés l’honneur et les intérêts vitaux des deux pays ? Il s’agissait de juger la conduite de soldats et d’officiers vis-à-vis d’agents consulaires qui prétendaient que leur caractère n’avait pas été respecté. Il s’agissait de ce Maroc où nous avions des intérêts politiques précis à défendre, où tant de rivalités nationales se rencontraient et luttaient les unes contre les autres. En un mot les difficultés étaient, à tous égards, de nature à faire éclater entre deux grandes puissances un conflit armé. Eh bien ! à l’opinion allemande comme à l’opinion française l’arbitrage s’est imposé. Un jour n’était-il pas venu où les seigneurs avaient accepté de confier au Tribunal