Page:Bourgeois - Pour la Société des Nations.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
la société des nations

ressés méritaient d’être consultés ? Le monde civilisé n’admet plus que les destinées des hommes, qu’ils soient réunis ou isolés, puissent dépendre de la volonté d’autrui. Et, autant que le sentiment du respect dû à la signature des traités, celui du respect dû au droit des peuples s’emparait d’une façon imprécise, mais certaine, de la conscience européenne.

Or, ce droit des peuples, personne n’a osé le revendiquer dans les derniers événements, et cette omission cause la faiblesse initiale de toute l’entreprise diplomatique des six mois qui viennent de s’écouler.

Dans le demi-siècle précédent, deux exemples ont eu lieu de modification de frontières entre de grands États européens :

Après la guerre de 1859, la Lombardie a été attribuée à l’Italie, Nice et la Savoie à la France. Pour ces dernières provinces les populations ont été consultées : un plébiscite a eu lieu. Pour la Lombardie le plébiscite était inutile, car le désir de ses habitants était notoirement connu. Ces modifications territoriales apparaissent donc comme un exemple parfait d’une décision internationale ayant le droit pour base : de là son exceptionnelle solidité et l’absence complète de difficultés et d’inquiétudes au sujet de ces arrangements.

Je n’ai pas besoin de rappeler, au contraire, une autre annexion qui a été prononcée — nul ne l’a contestée et ne le conteste encore — mal-