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ce soient des Anglais — de courageux patriotes anglais — qui aient fait voter la déclaration qui condamne, au nom de la conscience, le refus opposé à tout arbitrage par le gouvernement de leur pays ? Il s’en faut que toute flamme soit éteinte au vieux foyer de John Bright et de Gladstone.

Mais il y a plus. Comment ne serait-on pas frappé du mouvement d’opinion universel auquel ont donné naissance les événements de l’Afrique du Sud ? Croit-on qu’il y a quelques années une guerre semblable eût soulevé des protestations sur tous les points du monde ? L’habitude était si générale des guerres de conquête que l’Europe et l’Amérique eussent assisté à celle-là, en spectatrices indifférentes. On se fût élevé contre des actes particuliers d’inhumanité commis au cours de la campagne, on n’eût pas songé à s’élever contre l’acte initial d’iniquité : l’entreprise même de la conquête.


On ne peut le nier, d’après les conventions de La Haye, il y a quelque chose de nouveau dans le monde ; une force, hier encore inconnue, se mêle, sur l’Orange et le Vaal, comme au milieu des ruines des légations de Pékin, aux événements universels. Une conscience commune se forme entre les nations civilisées.


Mais il faut bien entendre ce que cette conscience exige. Elle ne se borne pas à exciter en nous l’horreur de la guerre. Elle veut de nous quelque chose de plus.

Quand on parle de la Paix devant un auditoire populaire, on le sent agité par deux sentiments.