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exactement la résistance, si l’on veut sortir des rêveries généreuses et préparer efficacement l’avènement du règne du droit entre les nations.

Je souhaite donc vivement, mon cher collègue, voir se poursuivre la propagande des sociétés diverses dont le souvenir de Washington réunit tous les adhérents au banquet de ce soir. Qu’elles ne cessent point de montrer à tous les yeux les bienfaits de la civilisation pacifique et les maux terribles de la guerre ; qu’elles répètent que celle-ci ne peut être légitime que si elle a pour objet la défense sacrée du foyer national et qu’elle est injuste et impie lorsqu’elle n’est faite que pour satisfaire des intérêts ou des ambitions ; qu’elles démontrent toujours plus clairement que la cause qu’elles soutiennent est conforme à l’idée du patriotisme le plus pur et le plus élevé, celle pour qui la patrie n’est pas simplement la circonscription géographique tracée par les caprices sanglants de la force, mais bien la communauté consciente fondée et maintenue par leur libre volonté entre les hommes de même sang et de même esprit ; qu’elles unissent en somme d’une manière toujours plus étroite les deux causes inséparables de la Paix et du Droit humain.

Les résistances qu’il n’était pas impossible de prévoir ne peuvent être surmontées que par une action quotidienne sur les esprits, par une sorte d’éducation méthodique de la conscience universelle. Nous avons pu faire sur ce point, à La Haye, d’intéressantes observations. Au début de nos travaux, il était facile de voir qu’en dehors du gouvernement du czar, initiateur de la conférence, et de ceux qui lui avaient, comme la France, donné