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extrémités de la lointaine Asie, par-dessus les barrières de la vieille politique continentale, la puissance du flot vainqueur !

Chose singulière, on dirait que la prédiction de Christophe Colomb s’accomplit. Il s’imaginait toucher aux Indes orientales en découvrant l’Amérique : voici l’Amérique qui répond à son appel pour la conquête pacifique de l’Ancien Continent.

Plus heureux que nous, je l’espère, vous saurez n’être pas entravés dans votre marche en avant par les obstacles que les traditions de servitude et de violence dressent en tous lieux, depuis tant de siècles, contre la paix de notre vieux Monde. Vous nous avez quelquefois remercié d’avoir donné à vos littératures, à votre politique, à votre philosophie, des exemples et des modèles ; voici que maintenant nous espérons qu’à notre tour les forces vives de votre jeunesse donneront au génie de la vieille Europe le plus précieux et le plus fécond des renouveaux, et je me plais à citer ici ces paroles de votre Président Wilson qu’Hanotaux nous rappelait il y a quelques jours : « Qu’y avait-il dans l’esprit des hommes qui ont fondé l’Amérique ? Servir leurs intérêts égoïstes ? Non. Mais servir la cause de l’humanité, apporter la liberté au genre humain. Ils ont levé leurs étendards, eux, les tenants de l’espérance, comme un phare d’encouragement pour toutes les nations du monde : les hommes