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nous comprenions qu’une même culture avait formé nos esprits. Nous avions reçu les mêmes enseignements de la Grèce et de Rome ; nous avions subi l’empreinte ineffaçable des mêmes littératures classiques et nous reconnaissions aussi les mêmes maîtres de notre esprit dans la lignée des philosophes des XVIIIe et XIXe siècles qui ont donné à nos sociétés modernes leur idéal politique et social.

Ce n’était pas seulement les mêmes mots que nous prononcions, les uns et les autres, c’était le sens profond de chacune de nos paroles que nous percevions également ; c’était tout notre être qu’animaient, qu’éclairaient, qu’ébranlaient ces grandes vérités dont nous espérions faire admettre, par l’ensemble des États du monde, la formule définitive, dont nous préparions la réalisation dans les faits.


Mais, Messieurs, n’en était-il pas de même avec nos collègues des États-Unis du Nord ? Certes, en nous tournant vers eux, nous sentions bien d’abord les difficultés que nous offraient la différence des langues. Mais si, par certaines manières de penser et de dire, l’esprit anglo-saxon s’oppose volontiers au nôtre, il s’y oppose, pour ainsi dire, comme la couleur complémentaire à celle dont elle est le complément, c’est-à-dire pour former l’harmonie supérieure où se résume la totalité de la lumière ; et cet obstacle une fois surmonté, nous recon-