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Tous vos délégués, Messieurs, représentaient d’abord l’idée républicaine. Ce n’était pas une raison médiocre d’entente et de cordialité que cette adhésion aux mêmes principes politiques, cette même croyance à la souveraineté de la Nation, cette même foi dans l’avenir des institutions libres et dans le développement pacifique des démocraties modernes. Comme dans notre France, le 14 juillet 1790, les citoyens de nos nouveaux départements, venus de tous les points du pays pour s’unir au Champ de Mars dans la grande Fête de la Fédération, laissaient éclater sur leur visage la joie de se reconnaître tous comme les fils d’une même mère, nous avons senti, dès notre première rencontre avec vous, dans la grande salle du Binenhof, que nos yeux et les vôtres brillaient d’une même lumière, et nous avons éprouvé cette allégresse de nous reconnaître, les uns et les autres, comme les enfants d’une même famille, comme les soldats d’une même patrie idéale.

Mais il faut aller chercher plus loin encore ce qu’il y a de profond et ce qu’il y aura de durable dans la communauté de nos sentiments.

Pour nos frères de l’Amérique latine, j’ai à peine besoin de dire que la conscience de l’identité de la race se mêlait en nous à celle de l’identité des pensées politiques. À entendre, parlant merveilleusement notre langue française, les orateurs de vos Républiques,