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n’ose parler d’une force qui primerait le droit. Tous déclarent mettre celle-ci au service de celui-là, et dans les discussions diplomatiques comme dans les polémiques de presse, chacun semble vouloir plaider une cause désintéressée devant un de ces tribunaux internationaux dont nous avons assuré l’existence et où, seules, les paroles de justice peuvent être prononcées et entendues.


Que d’enseignements et que d’espérances contiennent ces délibérations si confuses, si anxieuses, de la conférence de Londres ! C’est une conférence diplomatique, et à certaines heures, il semble bien que cela devienne un tribunal d’arbitrage international. Si bien qu’un jour prochain, l’on pourra reconnaître que le résultat de la catastrophe récente a été de faire prendre aux grandes puissances une intelligence plus nette de la solidarité de leurs intérêts permanents. L’Europe prend conscience qu’elle est, elle aussi, une personne morale qui existe au-dessus et en dehors de chacun des États qui la composent ; elle se sent un organisme vivant ; elle a maintenant, si je puis dire, une âme, où déjà vit la honte de la violence, où s’affirment le sentiment du droit et la certitude d’un devoir moral commun à tous.

Malgré l’horreur de tout ce sang versé, attendons l’avenir avec une confiance réfléchie ! La paix a prévalu hier. Que les hommes de paix