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Mais ces places que viennent prendre aujourd’hui dans les conseils de l’Europe les nations balkaniques n’étaient pas seulement occupées par la puissance asiatique ; elles étaient en même temps convoitées par d’autres puissances, puissances européennes, celles-ci, qui, faisant fond sur la prétendue faiblesse des petites nations slaves de l’Orient, tournaient depuis longtemps ce que l’on appelle leur volonté de puissance vers ces domaines, dont la possession définitive ne semblait pas encore assurée. Les victoires balkaniques ont limité ces ambitions. Les déceptions qu’elles ont causées ont été la source de bien des irritations, de bien des tentatives de revanche, et nous avons senti dans ces derniers jours les plus graves périls grandir de ce côté.

Et voici que sous la poussée de l’opinion universelle, ces périls eux-mêmes semblent avoir disparu. Nul n’a osé affronter l’horrible risque d’une guerre générale. La solidarité des intérêts européens l’a emporté sur les forces de discorde. Il y a je ne dis pas un respect humain, mais comme un point d’honneur nouveau. Nul ne veut agir sans invoquer un mandat de l’Europe. Nul n’avoue d’autre but que la pacification des régions contestées et l’installation de gouvernements qui répondent aux vœux et aux droits des peuples. Nul, quelles que soient ses intentions secrètes, n’ose laisser paraître une pensée de conquête. Nul