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et comprendre comment la violence de certains gestes peut s’associer, dans l’ensemble, à l’harmonie de la composition, à l’équilibre des groupements. Si l’on se place, en face des événements des Balkans, à un point de vue suffisamment élevé pour distinguer l’ensemble des choses et deviner le sens de leur développement, on reconnaîtra que l’indépendance obtenue par des millions d’hommes appartenant à une même race, à de mêmes croyances, à une même civilisation est un grand progrès humain accompli. Ces races nouvellement arrivées à la vie nationale, à la souveraineté, vont trouver dans des frontières nouvelles leur place nécessaire elles y constitueront autant de foyers de civilisation régulière où s’apaiseront peu à peu les violences que la servitude fomente nécessairement au cœur des hommes.

Il y avait, dans l’ensemble des nations européennes, comme une série de sièges vacants que leurs légitimes possesseurs étaient, par la force, empêchés d’occuper. Aujourd’hui, tous ceux qui ont, par le droit traditionnel et par l’égalité de civilisation, un titre égal à une représentation dans l’aréopage y ont enfin libre et définitif accès. Et les délibérations de demain de cette Europe ainsi complétée pourront enfin prendre le caractère qui permet entre des égaux l’échange des idées, la discussion des intérêts communs, la reconnaissance réciproque des droits et des mutuelles obligations.