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mêmes, un seul but était proposé : assurer à chaque race sa place naturelle au soleil, délivrer les nations vaincues de leur servitude séculaire, rétablir chaque peuple dans sa liberté, dans son droit. Il n’est pas jusqu’à l’Albanie dont on n’ait cherché à justifier la création par l’affirmation de l’existence d’une nationalité propre, ayant droit au sol et à la vie aussi bien que les autres nationalités des Balkans.

Ainsi, à l’origine du conflit comme dans les modalités de son règlement, ce n’est nulle part la théorie de la conquête qui prévaut. C’est la théorie du droit qui s’exprime. On prétend mettre la force au service du droit, et dans les négociations entre les puissances dépositaires de la force, on prétend ne se servir de celle-ci que pour reconstituer un équilibre fondé sur le droit.

En somme, c’est un redressement de l’idée du droit contre l’idée de la force que symbolisera dans l’Histoire l’alliance des peuples balkaniques, et c’est une œuvre de liberté et de droit que l’Europe aura fait sortir de l’épouvantable aventure de guerre.


Je ne prononce pas ici de vaines paroles d’optimisme sentimental. Ceux qui regardent de trop près l’œuvre d’un peintre n’aperçoivent qu’un chaos de lignes et de couleurs où tout leur paraît sans ordre et sans raison. Il faut du recul pour juger l’ensemble d’un tableau