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Un premier fait nous frappe douloureusement et pourrait jeter d’abord le désarroi dans les esprits. Les projets de lois soumis en ce moment au Reichstag vont accroître dans une proportion formidable les armements de l’Allemagne et nécessiter de la part de la France un effort extraordinaire et des sacrifices auxquels nous devons nous décider énergiquement et sans retard.

Je ne veux point ici discuter la nouvelle loi militaire. Je tiens seulement à dire, pour mon compte, que si, après une loyale délibération dans les Chambres, le service de trois ans est, comme je le crois, reconnu indispensable pour assurer la sécurité de notre pays, me souvenant trop cruellement des désastres de 1870, je n’hésiterai pas à le voter. Nul plus que moi ne déplore cette folie des armements où se laisse entraîner l’Europe, et je n’oublie pas que j’ai été en 1899, à la première conférence de la Haye, le rédacteur et le défenseur du vœu tendant à la limitation des charges militaires qui pèsent sur le monde. Mais je n’oublie pas non plus ce que je disais au Sénat, en 1907, à l’issue de la deuxième conférence : « Pour nous, partisans résolus de l’arbitrage et de la paix, le désarmement est une conséquence et non pas une préparation. Pour que le désarmement soit possible, il faut d’abord que chacun sente que son droit est assuré. C’est la sécurité du droit qui, d’abord, doit être orga-