Page:Bourgeois - Pour la Société des Nations.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui-même par la force de son élan vital intérieur, avec la conscience de son développement, est comme la création d’un être nouveau.

À tous ceux qui aiment leurs semblables, aussi bien à ceux qu’anime une foi religieuse qu’à ceux que guide une conviction philosophique, une telle œuvre peut être également chère. Unissons toutes nos pensées, toutes nos convictions, toute la force de nos âmes pour semer le germe qui ne périra pas.

Je me rappelle les admirables paroles par lesquelles notre grand savant français Louis Pasteur terminait son discours à l’inauguration du célèbre institut qui porte son nom :

« Deux lois contraires semblent aujourd’hui en lutte : une loi de sang et de mort qui, en imaginant chaque jour de nouveaux moyens de combat, oblige les peuples à être toujours prêts pour le champ de bataille, et une loi de paix, de travail, de salut, qui ne songe qu’à délivrer l’homme des fléaux qui l’assiègent. L’une ne cherche que les conquêtes violentes, l’autre que le soulagement de l’humanité. L’une sacrifierait des centaines de mille d’existences à l’ambition d’un seul ; l’autre met une vie humaine au-dessus de toutes les victoires. »

Et Pasteur, quatre ans plus tard, à la fin de sa vie, en 1802, concluait par cette parole d’espérance à laquelle vous applaudirez, Messieurs, comme l’ont alors fait unanimement les délégués de toutes les nations qui étaient venus