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d’organiser la prévoyance pour préserver de ces maux tous les hommes, dans tous les pays, depuis la naissance jusqu’à la mort. On a dit justement que c’était une politique de sauvegarde sociale, puisqu’elle a pour but la conservation des forces humaines. C’est bien en effet une politique conservatrice et non révolutionnaire, une politique rationnelle et non passionnelle, une politique protectrice et non destructive. Nous ajoutons enfin, et cela seul suffirait à la justifier à nos yeux, que c’est la politique la plus hautement morale qu’il soit possible de professer et de mettre en action. N’est-elle pas faite pour rallier en même temps les véritables hommes d’affaires, ceux qui produisent et non ceux qui spéculent, et les véritables travailleurs, ceux qui cherchent, non la satisfaction d’une ambition personnelle, mais la sûreté et la justice pour tous ? Elle est libératrice du travail et créatrice de richesse. Elle est faite pour satisfaire la raison et pour libérer les consciences.

L’édifice que nous construisons est celui de la solidarité humaine. C’est une œuvre de tradition, car c’est l’intégration de tout l’héritage acquis du progrès antérieur, et c’est une œuvre de création. C’est, suivant le mot du philosophe, une œuvre d’évolution créatrice, car c’est l’accession à un état supérieur de l’humanité. Toute coordination d’éléments d’un organisme, propre à se développer ensuite par