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et, pour la première fois peut-être, le concert des grandes puissances s’est réuni, non pour régler entre elles quelque partage de conquêtes, mais pour assurer leur désintéressement réciproque dans la lutte engagée, leur volonté de limiter le champ, de préparer l’arrêt des hostilités et d’assurer, dans la mesure du possible, un équilibre de droits entre les États combattants.

Messieurs, ne sentons-nous pas les résolutions qu’a fait naître dans tous les esprits le spectacle des horreurs de cette dernière guerre et particulièrement des luttes fratricides au milieu desquelles elle s’est achevée ? Aujourd’hui, chacun de nous ne s’est-il pas demandé si vraiment de telles choses sont encore de notre temps et si la volonté commune des nations ne devrait pas peser sur ceux qui sont responsables pour empêcher de pareils retours ?

Messieurs, une observation bien simple nous permet de mesurer cette force croissante de l’opinion, qui entend agir chaque jour davantage sur les directions de la politique internationale dans le sens de la conciliation et de la paix : il n’est pas jusqu’aux augmentations d’armements que, devant l’opinion, on ne justifie désormais uniquement comme une garantie de la paix. C’est un paradoxe, et c’est cependant en partie une vérité. Si nous insistons quelque peu, on nous démontrera que c’est aussi une organisation internationale de la prévoyance sociale ! Mais elle est terrible-