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C’est tout un monde nouveau qu’on sent en formation, ce sont les organes de l’humanité nouvelle qui prennent vie peu à peu.

Hélas, je sais bien qu’à l’heure où je parle, les adversaires de nos œuvres croiront pouvoir invoquer ce qu’ils appellent l’échec d’une autre institution, celle à l’établissement de laquelle, mon cher président, nous travaillions ensemble il y a six ans : la grande institution d’arbitrage international fondée par les conventions de La Haye.

Il y a quelques jours, on inaugurait à La Haye le Palais de la Paix, et l’on faisait, dans la petite presse des deux mondes, des plaisanteries faciles sur la coïncidence tragique qui faisait ouvrir les portes de cet édifice, consacré à la souveraineté du droit, à l’heure même où s’achevait, dans l’Orient de l’Europe, le plus affreux des conflits sanglants.

Messieurs, rappelez-vous le mot de Bastiat : « Il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. »

Non, l’œuvre de La Haye n’a point fait faillite ; il suffirait, pour l’établir, de rappeler les services que la grande Cour d’arbitrage a déjà rendus au monde en permettant à de grands États comme la Russie et l’Angleterre, comme la France et l’Allemagne, comme les États-Unis et le Japon, d’éviter, grâce à l’intervention d’arbitres impartiaux et indépendants, les conflits diplomatiques d’où pouvait tout à coup sortir la guerre.