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le beau, d’enseigner le droit, de propager le vrai. Eh bien ! laissez-moi vous dire toute ma pensée. J’oublie que j’ai l’honneur d’être des vôtres ; je ne veux être, en ce moment, que l’écho de la conscience publique qui vous voit à l’œuvre, qui recueille vos paroles et enregistre vos actes ; oui, je suis l’homme, le bon Français, qui passe dans la rue, qui monte vos cinq étages et qui, pénétrant dans cette salle où tout est sourire et lumière, vous crie :« Merci pour ce que vous avez fait déjà ; merci pour tout ce que vous ferez encore ! »

« La satisfaction que j’éprouve, mes chers collègues, à saisir sur le vif les résultats de votre bienfaisante activité m’est d’autant plus douce qu’elle s’accompagne, lorsque je fais un retour sur moi-même, d’un peu de mélancolie. Je suis de ceux qui touchent au soir de la vie. De cruelles épreuves, la maladie, le mauvais état de mes yeux, tout cela détermine en moi, à certaines heures, une grande tristesse que je combats de la seule façon qui soit honorable, par un redoublement d’attachement aux nobles idées qui ont illuminé ma route. Mais plus je sens que mon action personnelle sera moindre désormais, plus je goûte de joie à penser qu’il y a autour de moi, ici même, des hommes qui veulent, non pas vivre leur vie, comme on le dit stupidement aujourd’hui, mais vivre la vie des autres !

« Oui, il est réconfortant pour moi de me