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replacés sous leur véritable jour. Voilà, certes, un moyen de rendre à notre cause des services inappréciables ! On dit généralement que toute la responsabilité des événements incombe à ceux qui tiennent en main le gouvernail. Mais ce sont les irresponsables, ceux qui forment le gros du troupeau, qui, à l’heure décisive, en vertu de l’élan qu’ils ont reçu, achèvent le mouvement commencé. N’oublions pas, en effet, que, de plus en plus, dans les bouleversements de ce monde, l’impulsion suprême viendra des masses. Éclairer ces masses profondes et les défendre contre leurs propres entraînements, il n’est pas de besogne plus nécessaire. Oh ! elles ne nous en seront pas reconnaissantes, tout d’abord, ces foules que des meneurs intéressés apaisent ou soulèvent à leur gré, mais plus tard, quand leur éducation sera faite, quelle sécurité pour elles, et quel soulagement pour les chefs d’État qui, aujourd’hui, aux heures décisives où se joue l’existence des nations, se voient obligés, malgré la révolte de leur cœur, de prononcer le mot fatal, quitte à dire plus tard avec une tristesse infinie « Que voulez-vous ? Je n’y pouvais rien ; l’opinion publique était déchaînée : je devais obéir, sous peine d’être déclaré traître à mon pays ! »

« En somme, mes chers collègues, ce que vous demandez à la Dotation Carnegie, par les résolutions que vous venez de prendre, c’est de révéler