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le marbre et cisèlent le métal, mais qu’il fallait, à l’aide de ce ciment qui s’appelle l’amour, rapprocher les esprits, les consiences et les cœurs. Orphée autrefois, par la musique de ses chants, charmait les bêtes et contraignait les pierres elles-mêmes à se plier à ses lois. Eh bien ! il faut à notre époque, pour dompter les passions déchaînées, des Orphées plus puissants encore que celui de la légende !

« Ce qui met obstacle à notre action, Messieurs, vous ne l’ignorez pas, ce ne sont pas les volontés réfléchies et conscientes : celles-là sont incapables d’une hostilité intraitable et vraiment pernicieuse. Non, ce qui est redoutable, pour nous, c’est l’ignorance. Vous savez bien, — vous l’avez dit et vous l’avez marqué par vos résolutions, — que si notre cause est encore si loin du triomphe, c’est parce qu’on s’obstine à la méconnaître. Vis à vis des réfractaires, c’est à la seule persuasion que nous devons recourir. Lorsque nous aurons fait la propagande nécessaire pour convaincre des adversaires dont la plupart, heureusement, sont des hommes de bon vouloir, qui croient bien faire en agissant comme ils agissent, nous aurons accompli le principal de notre tâche, parce que nous nous serons créé des alliés là où nous n’avions d’abord que des ennemis. C’est donc, comme vous le disiez si bien tout à l’heure, mon cher d’Estournelles, et comme l’indique le titre même de la division dont nous