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bien était significative une pareille nouveauté. Voici deux grands États qui sont en guerre, deux armées puissantes en présence, qui n’auraient hier connu d’autre loi que la force, d’autre frein qu’un sentiment bien vague encore des devoirs de l’humanité. Voici qu’un petit article de la Convention se dresse entre les Chefs de ces armées ; voici qu’ils entendent, par ce texte de quelques lignes, la voix même de tous les autres États leur dire : « La Puissance au nom de laquelle vous commandez, s’est engagée solennellement, non seulement envers votre adversaire d’aujourd’hui, mais envers nous tous, à faire tels actes, à s’abstenir de tels autres ; et elle s’y est engagée pour ceux qui commandent et pour ceux qui combattent en son nom pour tous, généraux, officiers, sous-officiers ou soldats ; si vous violez cette loi, consentie par vous-même, vous êtes déclarés responsables, et il y a des juges, jugeant au nom de l’humanité tout entière, qui vous jugeront et vous condamneront. » – Quel spectacle nous donne, Messieurs, cette image du droit se levant tout à coup au milieu des armées, et soyez-en sûrs, s’imposant à la force militaire la plus puissante, grâce au soutien d’une force plus puissante encore, à la volonté du monde civilisé.


Messieurs, ne nous arrêtons pas aux polémiques. Élevons-nous au-dessus d’elles, pour