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Il fallait ensuite que tous se fissent une idée commune de ce droit supérieur qu’il s’agissait d’appliquer. Il fallait qu’on comprît qu’il découlait tout entier de ce principe que les nations sont des personnes morales égales en droits, parce qu’elles sont souveraines, c’està-dire libres ; égales en obligations, parce qu’étant libres elles sont responsables. Ici les stipulations ne pouvaient plus être, comme dans les traités politiques, consenties au profit de tel ou tel, et contre tel ou tel autre. Tous devaient stipuler pour tous. Toute obligation devait être mutuelle. Il ne devait y avoir, au regard des institutions nouvelles, ni grands ni petits États. Il ne devait également y avoir qu’une juridiction commune devant laquelle tous, petits et grands, parussent en égaux.

Or, Messieurs, c’est bien cet esprit qui a animé toutes nos délibérations de 1907, comme déjà il avait commencé à inspirer celles de 1899. Et c’est lui que nous retrouverons à toutes les pages, dans ces treize Conventions, dans ces déclarations et ces vœux dont M. Renault vous a si clairement dressé le tableau. Certes on n’a pu faire pénétrer les règles du droit dans tous les domaines de l’action internationale. Il a fallu s’abstenir de conclure sur bien des sujets et le champ reste immense — pour les Conférences suivantes des questions sur lesquelles il n’a pas été possible de s’accorder. Mais qu’un accord se soit établi déjà