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paix est le but vers lequel les peuples s’acheminent, et vers lequel, à La Haye, nous avons aussi voulu marcher, — mais on ne décrète pas la paix universelle. Et, pour nous rapprocher de la paix, nous savions bien que la route véritable n’était pas celle du désarmement, qui semble courte mais que barrent d’infranchissables obstacles, mais bien celle du Droit, longue, aride et rude, mais qui seule peut conduire au but.

C’est l’organisation juridique de la vie internationale qui a été l’objet réel de tous nos travaux. Le désarmement progressif sera la conséquence d’un état de paix de plus en plus stable ; mais le seul moyen d’arriver à cet état de stabilité dans la paix, c’est l’établissement du droit et le respect assuré de ce droit entre les États.

Il y a dès maintenant dans l’ordre économique une vie internationale d’une intensité singulière.

Les intérêts industriels, agricoles, commerciaux, financiers, des divers pays se pénètrent tellement, leur réseau resserre tellement ses mailles qu’il existe en fait une communauté économique universelle. Mais cette communauté n’est point constituée suivant les règles du droit ; c’est un marché qui obéit aux seules lois de la concurrence, où la chance, l’audace, la force sont les conditions du succès. Est-il possible de s’élever de cette communauté de