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Il ne faut pas laisser dire qu’il y a dans cette solidarité de la vie des nations quelque chose qui puisse amener un affaiblissement du sentiment de la patrie. Ce serait blasphémer également la patrie et l’humanité.

Ai-je besoin de le répéter ? Bien loin que l’idée de patrie subisse de cette haute conception morale une atteinte, un amoindrissement, il semble qu’elle devienne, pour les citoyens de chacune des nations unies par le droit, plus pure, plus sacrée, plus intangible, puisqu’elle s’identifie ainsi toujours davantage avec ce qu’il y a de plus noble dans la conscience humaine. Là-bas, nous le sentions profondément, chaque fois que les représentants des nations faisaient effort pour se rapprocher de l’idée supérieure du droit, c’était comme une glorification nouvelle de l’idée de patrie, mise au-dessus des injustices.

Je n’en veux pas d’autres témoins que vous, mes chers collègues des Républiques du Nouveau Monde, qui avez travaillé si ardemment avec nous, à l’organisation juridique de la Société des États, et qui avez si souvent, et avec tant d’éloquence, revendiqué les droits et affirmé les espérances des jeunes nations appelées, pour la première fois, à la délibération universelle.

Messieurs, laissons rire les sceptiques et s’agiter les impatients. Pour nous qui avons