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toujours existé une puissance de l’opinion, mais c’était une force passagère et dont la direction variait suivant les passions ou les intérêts du moment. La puissance nouvelle a une autre origine. Elle doit porter un autre nom : elle s’appelle la conscience universelle. Elle puise ses inspirations dans les principes de la Morale et du Droit. Elle en a la fixité et la force et c’est à eux qu’elle doit sa bienfaisante action. »

Combien cela est devenu plus vrai aujourd’hui ! Oui, il y a quelque chose de nouveau dans la politique internationale.

Certes, la paix n’est point faite et le droit n’est point assuré, pas plus entre les nations qu’entre les individus eux-mêmes.

Mais la volonté réfléchie d’obtenir ces garanties essentielles du travail et du progrès humain s’accroît rapidement chez tous les peuples et il devient chaque jour plus difficile aux Gouvernements de se soustraire à cette action de la conscience générale.

Nous en avons nous-mêmes bien souvent senti les effets à La Haye, alors que dans les discussions les plus vives, tous se réclamaient en somme des principes supérieurs du droit et s’efforçaient de les concilier avec leurs causes particulières.

D’une façon avouée, il ne s’agissait plus de la lutte des intérêts particuliers des diverses puissances ; chacun essayait de se montrer