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tion toute nouvelle d’un devoir de solidarité entre les peuples civilisés.

Je me rappelle avoir dit au lendemain de la Conférence de La Haye à ceux qui me questionnaient sur ses résultats : « N’ayons, pour les bien juger, ni scepticisme, ni impatience. » Je répéterai la même parole au seuil de la Conférence prochaine. Ce qui est en question dans ces assemblées universelles qui sont sans analogues, sans précédentes dans l’histoire, ce n’est pas, comme on le dit trop simplement, l’établissement d’un état de paix, c’est quelque chose de plus haut et de plus précis, j’ajouterai de plus large encore, l’établissement d’un état de droit entre les nations, car il n’y a, il ne peut y avoir de paix véritable que fondée sur le sentiment commun et sur le respect réciproque des droits. Or, ce n’est pas dans cette École qu’il est besoin de dire ce qu’il faut de temps et de persévérance pour dégager, formuler, faire accepter, rendre habituelles, puis nécessaires, les règles d’un droit nouveau. Et ce n’est pas non plus ici qu’il serait besoin de dire la grandeur en même temps que les difficultés de la tâche et de rappeler que c’est aux conquêtes pacifiques de l’idée du droit que se sont mesurés dans tous les temps les progrès décisifs de l’humanité.

Quel domaine nouveau la Conférence de 1907 soumettra-t-elle au règne du droit ? Nous n’avons pas, mon cher Ami, qualité pour le re-