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mirable unité de votre vie de travail et de pensée, de dévouement et de désintéressement. Tout à l’heure, un de vos élèves l’évoquait dans un mot quand il rappelait que vous aimiez à vous dire « un professeur dans l’âme. » Vous êtes, en effet, depuis bientôt quarante années, le Maître qui se donne tout entier à la recherche et à la diffusion de la vérité, qui veut toujours mieux savoir pour toujours mieux enseigner, qui ne se laisse éblouir et tenter par aucune des ambitions que légitimeraient tant de services et que seconderaient si facilement les relations les plus hautes, la pratique et la maîtrise des questions d’État les plus complexes et les plus graves, un universel renom ; — mais qui, bien au contraire, d’un Congrès ou d’une Conférence où il a tenu l’un des premiers rangs, se hâte de revenir à sa paisible chaire pour y retrouver ses élèves aimés et reprendre pour eux, avec le fruit d’une expérience nouvelle, les chères leçons interrompues…

Aussi bien les leçons d’un tel maître peuvent-elles s’interrompre ? Et l’exemple d’une telle existence n’est-il pas le plus continu et le plus efficace des enseignements !

Il s’en dégage une beauté morale, une force rayonnante, conseillère de droiture et de dignité, qui, des élèves, fait de véritables disciples. Et c’est ce rayonnement que nous sommes si heureux de retrouver nous-mêmes