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bienfaits se font pour la première fois sentir au monde.

Et c’est pourquoi nous devons applaudir à l’initiative récente du Président des États-Unis d’Amérique et nous réjouir de l’accueil déjà fait par tant de puissances à son généreux projet.

Mais les bons ouvriers de cette grande tâche, si rares il y a cinq ans à peine, sont aujourd’hui légion. Au-dessus des gouvernements eux-mêmes, une puissance souveraine a pris naissance, qui disposera bientôt des destinées du monde. Il a toujours existé une puissance de l’opinion, mais on n’entendait par là qu’une force passagère et dont la direction variait sans cesse selon les passions ou les intérêts du moment. La puissance nouvelle est née d’une tout autre origine ; elle doit porter un autre nom : elle s’appelle la conscience universelle ; elle puise ses inspirations dans les principes mêmes de la morale et du droit ; elle en a la fixité et la force, et c’est à eux qu’elle doit sa constante et bienfaisante action.

C’est là qu’est la signification profonde de la visite que font à la France nos collègues du Danemark, de la Suède et de la Norvège ; c’est là ce qui doit doubler pour nous la joie de les recevoir. Nous les saluons comme ils doivent l’être, non seulement comme les délégués de leurs parlements et de leurs pays, mais encore comme les représentants de cette conscience