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M. Léon Bourgeois. — Nous avons fait de notre mieux, mais il ne s’agit pas de nous défendre. Il s’agit de faire pénétrer dans les esprits qu’il restera de nos efforts et de l’oeuvre laborieusement accomplie quelque chose qui ne sera pas détruit. Il s’agit de faire comprendre que les circonstances actuelles, si décevantes qu’elles puissent être, ne doivent pas nous faire oublier qu’il y a dans le monde quelque chose de nouveau quand même, un genne déposé, et que malgré les circonstances, peut-être en raison même de ces circonstances, ce germe de bien lèvera, ces espérances de bien se développeront. (Applaudissements à gauche.) Oh ! je sais que l’humanité voudrait réaliser, sans plus de délai, immédiatement, ces expériences, mais considérez que lorsque nous sommes chez nous, nous nous efforçons de faire aboutir une réforme, souvent des années se passent avant que nous y parvenions. (C’est vrai ! très bien ! à gauche.)

Et nous nous plaignons, nous souffrons du temps qu’il faut pour réaliser une réforme qui touche non la France seule, mais, le monde entier ! Et quand il s’agit d’une si profonde réforme à faire aboutir, non pas dans un pays libre et depuis longtemps habitué à la liberté, mais entre des nations dirigées par des gouvernements d’esprit, de sentiments et de constitutions différents, partagées par des intérêts opposés, souvent par des passions violentes,