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un ou deux. Il n’a pas grand talent, n’est-ce pas ? C’est soigné, consciencieux, laborieux, et c’est tout. Il n’a pas cette petite flamme, qui fait que l’on s’attache au livre et que l’on s’intéresse à un esprit.

Tout aussitôt, il ajoute :

— Où s’arrêtera-t-on dans la furie d’écrire ? On se plaint que les livres ne se vendent plus ; mais ce n’est pas exact ; seulement leur nombre augmente tous les jours, et le nombre des lecteurs reste à peu près le même ; d’où ce que l’on a appelé injustement la crise du livre. La quantité de ceux que je reçois est inimaginable ; on m’en envoie tous les jours de tous les pays ; comment songer dès lors à se tenir au courant de ce qui paraît ? J’y passerais toute ma vie et elle n’y suffirait pas ! Alors qu’arrive-t-il ? Il arrive qu’on ne lit plus. On ouvre un livre, on le feuillette, on en parcourt deux ou trois pages au hasard, on le referme, et c’est tout : on n’a plus vraiment le goût de lire les livres.

« Avez-vous éprouvé quelquefois cette sorte d’hypnotisme particulier qui se dégage du livre imprimé ? Un ouvrage vous parvient,