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ments de sa classe, il se montrait su [prieur par la délicatesse du sens moral, par un esprit constamment occupé d’idées religieuses, et qu’il conviendrait d’inscrire comme épigraphe à cet acte de contrition plein de scrupules le mot de Joseph de Maistre : « Je ne sais pas ce que c’est que la conscience d’un coquin^ mais je connais celle d’un honnête homme, et c’est affreux. »

Voilà donc la vie qu’il fallait transformer. Travailler pour suffire à ses besoins matériels, abjurer tout mensonge, toute vanité, secourir le prochain, ceux qui nous entourent, croire en Dieu, simplifier sa vie extérieure pour sauver sa vie intérieure, telle est la seule raison de vivre.

Dans cette voie du salut qu’il venait de découvrir et où il se préparait à marcher, Tolstoï avait rencontré des inspirateurs et des modèles pour le conduire à la vraie religion chez deux paysans sectaires, Soutaïef et Bondaref. Il n’est pas étonnant que des hommes de haute culture, tourmentés par l’incertitude, par le besoin impérieux de croire, s’adressent à des hommes inférieurs en toutes choses, sauf par l’énergie de leurs convictions. A l’exemple de deux personnages de ses romans, Bezoukhov et Lévine, Tolstoï cherche la solution de ses doutes auprès des simples dont les actes témoignent d’une foi inébranlable. 11 avait fait la connaissance de Soulaïef, fabricant de tombes à Pétrograd, qui avait abandonné