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de mer, sur la carapace de laquelle elles appliquaient un fer chaud, ou en observant — comme les pythonisses de Dodone — les feuilles de certains arbres. Aujourd’hui, leur profession s’est compliquée, ce qui montre que leur prestige n’a pas diminué d’importance. Les filles prennent des leçons de leur mère en l’accompagnant. Il y a aussi celles que le démon possède soudain et qui, par ce fait, sont désignées pour ce métier. Pendant le temps de leur maladie, ces possédées rêvent de dragons, d’arcs-en-ciel, de pêchers en fleurs ou d’un homme d’armes subitement transformé en animal. Elles profèrent des paroles grossières, et menacent de mort tous les gens de la maison, si on ne leur permet pas de se livrer à la pratique des exorcismes. Il en est même dont l’imagination est tellement frappée par ces divagations qu’elles succombent devant la résistance de leur famille.

Quand une fille noble est possédée par le démon, on la tue, ou l’on s’en débarrasse, pour que la disgrâce ne retombe pas sur sa famille.

Toute moutang doit posséder plusieurs robes dont quelques-unes très coûteuses, un tambourin de forme spéciale, des cymbales de cuivre, une baguette en cuivre surmontée de clochettes, des bandes de soie, des bannières qu’elle déploie quand elle danse, des éventails, des ombrelles, des baguettes magiques, des images d’hommes et d’animaux, des gongs, une paire de paniers allongés employés pour s’emparer de l’esprit de certaines maladies que l’on attire au moyen de grattements. La pratique des exorcismes entraîne certains jeûnes. Il arrive parfois que les sorcières mettent une telle frénésie dans leur danse qu’elles tombent inanimées, l’écume à