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le sang versé ferait gratter et saigner le malade. Nous avons vu que cet usage s’étend au palais puisque, pendant neuf jours, on décréta la fermeture de toutes les boucheries de la capitale. Le treizième jour est regardé comme celui où le danger est conjuré. L’esprit se retire, et la moutang préside à son départ en lui présentant des mets ainsi qu’un petit cheval en bois, confectionné dans ce but. Celui-ci est chargé de menues monnaies et de riz, provisions de voyage de la dangereuse visiteuse, à laquelle on souhaite un bon retour dans ses pénates.


Le peuple a recours à la moutang pour se mettre en communication avec l’esprit des morts. Ceux-ci sont questionnés sur ce qui se passe dans le royaume des Ombres. On leur demande s’ils y ont vu telle ou telle personne morte depuis peu ou d’ancienne date, et ils répondent avec d’autant plus d’aplomb qu’ils ne craignent pas d’être contredits. Lorsque la conversation est terminée avec le défunt, on dit à la sorcière d’appeler le grand Juge (ils sont dix). Celui-ci étant supposé présent, on lui offre un sacrifice de mets, et on le prie de rendre l’existence facile — dans l’autre monde — à celui qui est parti. Généralement, le grand Juge promet tout ce qu’on veut, et se retire en remerciant la compagnie des mets excellents qu’elle lui a présentés. Et la séance de sorcellerie est levée.

Les moutang appartiennent à la basse classe de la société. Leur profession est héréditaire. Il paraîtrait qu’elles sont aussi adoratrices de Bouddha, car leur maison renferme des images de ce dieu à côté de celles des démons. Autrefois elles prédisaient l’avenir en observant les mouvements d’une tortue