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Les résultats en ont parfois des conséquences intolérables. Voici — par exemple — la petite porte de l’Est par laquelle sortent les cadavres, ainsi que par celle qui lui correspond à l’ouest. Il y a, — en ce moment — adossés au mur de la ville, près de cette porte, les cadavres des enfants morts récemment de la petite vérole qui seront ainsi exposés à l’air, jusqu’à la fin de l’épidémie en règne actuellement. Cette exposition des cadavres a pour but de chasser l’esprit de la maladie. En attendant, les habitants seront victimes de la pestilence et du danger qu’offre le voisinage de ces corps en putréfaction.

La petite vérole est un des fléaux de Seoul. Elle est très redoutée, et dernièrement, elle fit son apparition au palais dans la personne du jeune prince Oun. Dès que le mal fut constaté, on prit, suivant les anciennes méthodes, les plus grandes précautions pour se rendre propice la malfaisante visiteuse. Il fut décidé de fermer les boucheries, le théâtre ; et partout sorciers et sorcières reçurent l’ordre de dire des prières. Les fonctionnaires qui se trouvaient au palais le jour où la maladie se déclara y furent consignés, et les autres — à l’extérieur — ne purent y entrer. Heureusement, ces minutieuses précautions suffirent, et grâce aux prières et à la suppression des réjouissances publiques, le jeune prince guérit. Cela dut — je suppose — soulager d’un grand poids le chamane qui avait empêché la vaccination de l’enfant.

La petite vérole étant la maladie la plus fréquente et la plus redoutée, elle a le privilège de posséder son esprit à elle. Pendant qu’elle règne dans une maison, aucun animal ne doit être tué, parce que