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animés par eux. Les maladies elles-mêmes sont causées par des démons. De là à la sorcellerie il n’y a qu’un pas, or elle règne en maîtresse absolue partout en Corée. C’est le point faible, c’est le mal dont souffre ce pays exploité — au seuil du vingtième siècle — par une légion de magiciens, sorciers, astrologues, géomanciens. Le jour où l’empereur expulsera ce cortège d’un autre âge, on peut affirmer que c’est à pas de géant que s’achèvera la transformation du pays.

À chaque instant, on entend résonner çà et là, sur divers points de la ville, le tambourin de la sorcière (moutang) qui vient faire des exorcismes dans une maison où se trouve un malade. C’est par un bruit effroyable de tam-tam, une danse effrénée, qu’elle chasse le démon de la maladie, ainsi que par des offrandes de mets — faites par la famille — et dont elle profite ensuite.

Ici, des aveugles appelés panesous prédisent l’avenir. Là, des géoscopes décident l’emplacement des maisons, des tombeaux. Un enfant aveugle est accueilli joyeusement par ses parents dont il assure l’existence, puisqu’il sera un sorcier, un chamane. Et ces individus ont une telle importance qu’ils sont constitués en « guilds ». Aveugles et sorcières forment deux corporations importantes, avec des chefs, et soumises à la surveillance du gouvernement. Les candidats ne sont admis qu’après avoir subi un examen devant la confrérie. C’est ainsi que le pauvre Coréen ne sait naître, se marier, être malade, ni mourir sans le concours des sorciers. Ceux-ci exercent leur influence sur les démons au moyen de la magie, de rites, d’offrandes, le tout complété d’un bon salaire. Exorcismes, oracles, sont