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sentée à Sa Majesté par le nouveau ministre (un ministre qui vient d’être nommé doit régulièrement refuser trois fois cet honneur, sous forme de démission, laquelle n’est pas acceptée, après quoi il prend en main le portefeuille)… Le journal annonce que M. Pak… change de nom parce que le sien ne lui plaît plus ; un décret accorde un titre posthume à tel personnage mort depuis cent ans, et autres faits divers de moindre importance, paysans pillés par une bande de brigands. Ceux-ci, armés de gourdins, s’en vont parfois explorer de fond en comble un pauvre village isolé dont les habitants, loin d’opposer la moindre résistance qui mettrait en fuite les pillards, abandonnent prestement leurs marmites de riz et leurs poules, toute leur fortune, et reviennent quand le soleil a chassé les voleurs. Ceux-ci, pour la circonstance, se barbouillent de noir. Quel dommage que je ne connaisse pas un Alexandre Dumas coréen !

Que d’histoires de brigands se répètent le soir, à la veillée, dans les auberges de la longue route, dans les cours des maisons. Pendant que les bras exécutent le roulement de bâtons du repassage, les langues des ménagères et des servantes, non moins agiles, racontent les histoires qui de génération en génération se sont dites sous le même toit. Les enfants en bayent… de ravissement ou d’épouvante… mais… je reprends ma description des étalages.

Maintenant ce sont les marchands de riz, installés le jour en plein vent, au milieu de la rue, devant le magasin, simple entrepôt pour la nuit. Ce sont ces magasins que les moineaux préfèrent, et ils sont nuées à Seoul. Les marchands comptent les mesures