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Cependant j’ai remarqué que ce commerce de marrons cuits, de fruits, et en particulier des savoureux « kakis » ou des melons dont le peuple fait une énorme consommation en été et en automne, est souvent fait par de jeunes garçons qui, plus débrouillards ou moins dignes, crient à tue-tête leurs produits rangés en lignes serrées dans des boîtes plates. Celles-ci, le soir venu, sont placées les unes sur les autres et emportées au domicile sur la hotte d’un porteur, généralement le marchand lui-même.

Dans la rue du Commerce, se voient les boutiques de ferraille ; celles où l’on débite du bois, tout à côté d’un étalage mieux pourvu, dans lequel il y a un peu de tout : des serviettes japonaises (chaque ouvrier a toujours sur lui sa serviette pour enlever la sueur ou se laver le matin au premier ruisseau qu’il rencontrera), de vieux vêtements, de la vaisselle de cuivre, des pipes, des livres, des réveille-matin, des lunettes montées sur écaille, que sais-je encore ? Le marchand trône dans le fond de la boutique, accroupi comme un bouddha, sur le banc d’étalage, au milieu de pots en serpentine et de blagues à tabac aux couleurs voyantes (c’est encore un des usages du papier coréen), très occupé à lire le journal de son quartier.

Cette lecture se fait à haute et intelligible voix, de sorte que les voisins peuvent entendre, et s’ils ne savent pas lire l’eun-moun (caractères coréens, différents du chinois), ils profitent, sans bourse délier, de toutes les nouvelles du jour. Celles-ci comportent les événements les plus saillants de la vie coréenne : confiscation à la douane de faux nickel importé par les Japonais ; démission pré-