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sures de soie jaune ou rouge (celles-ci réservées aux fiancées) des plus gracieuses. Malheureusement certains détails laissent à désirer, telle la grande tache graisseuse formée — dans le dos de leur corsage — par leurs cheveux trop pommadés. Je parlerai, plus tard, des danseuses du palais, gentilles dans leur accoutrement bizarre, et plus timides — quoique plus habillées — que les petits rats de l’Opéra.



C’est dans la grande artère Ouest-Est, et dans quelques rues qui y aboutissent, que se trouvent les marchands, les corporations. Mais quelles boutiques ! quels étalages ! Voici celui d’un marchand de sucre d’orge et de marrons bouillis ou rissolés, disposés en petits tas de quatre, cinq ou six sur une planche. Une vieille natte en paille fichée sur trois bâtons abrite le marchand des rayons du soleil ou de la pluie indifféremment, et le voilà installé gravement, la pipe aux dents, pour toute la journée, sans faire une seule fois l’article aux jeunes clients qui sont là, tout autour, hésitant à donner quelques sapèques trouées en échange d’un sucre d’orge ou d’un petit tas de marrons.

Vainement, attendrait-on jusqu’au soir pour voir la physionomie du marchand exprimer le dépit d’une mauvaise journée ou la joie d’une bonne recette. Cette impassibilité est la caractéristique de tous les commerçants coréens, et en général de tous les Asiatiques.