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fabrication de ce fameux papier coréen, fort résistant, indéchirable, et ses nombreux usages. On en fait des vitres, des portes, presque des maisons, des vêtements, des souliers, des cordes avec lesquelles on confectionne des paniers, des corbeilles, que sais-je encore ? Il y a du papier fin comme de la soie pour les livres, d’autre épais comme du carton, qui, huilé pour le rendre imperméable, sert à recouvrir le plancher des habitations, les chaises à porteurs (les jours de pluie), les lanternes des domestiques précédant leurs maîtres dans les rues de la ville. Bref, le papier et la paille ont des usages innombrables en Corée.

Peu d’Européens résistent au fou rire quand tout à coup passe à côté d’eux une bonne femme qui s’en va — quelle que soit la température — avec son « boléro » trop court laissant les seins nus. C’est à cette particularité que l’on reconnaît les servantes, pauvres femmes dont la vie tout entière se passe à travailler péniblement. C’est le « chic » de la basse classe d’avoir les seins libres, de prendre le frais à leur aise, et ils s’ébattent quelquefois très bas, ce qui rend le spectacle peu réjouissant. Les jolis sont cachés sous la large ceinture et la robe empire des dames de distinction.

Les femmes de la classe moyenne portent un manteau vert sur la tête, de sorte que les manches en sont inutilisées. Elles prennent soin de se cacher le visage, le plus possible, par coquetterie plus que par obligation, pas assez cependant pour les empêcher de satisfaire leur curiosité et la nôtre. Les dames coréennes, décemment vêtues, sont assez mignonnes malgré leur visage trop fardé. Leurs pieds surtout semblent très, très petits dans leurs chaus-