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dade. Au retour d’une promenade militaire, il n’est pas rare de voir des traînards à qui la plus large avenue suffit à peine, à cause des nombreuses libations qu’ils ont faites, et à côté d’eux un camarade obligeant et de sang-froid, porteur de plusieurs fusils, accessoires bien lourds et bien dangereux en ce moment, entre les mains de ses compagnons.

Je vois là, se promenant d’un air grave et digne, au milieu de cette cohue de voitures, de chevaux et de porteurs, évitant avec soin les places boueuses, à cause de leurs chaussettes et de leurs souliers blancs, de braves fonctionnaires, le serre-tête décoré du bouton de jade ou d’or. Quelques-uns, de grande taille, au vêtement blanc immaculé, recouvert du tcham-bok (pardessus sans manches) de soie bleue ou marron, ont grand air, et obtiendraient un légitime succès sur nos boulevards, s’ils y venaient en costume national.

Ici, ce vêtement convient parfaitement à cette légion de fonctionnaires, de « yang-banes » méticuleux, que des domestiques entourent pour les aider aux passages difficiles, pour porter leur pipe quand ils ne daignent plus fumer.

Quand il pleut, pour protéger son chapeau de crin, le Coréen ajuste, par-dessus, un cône de papier huilé, qui a exactement la forme d’un filtre, se replie et se glisse dans la poche lorsqu’il fait beau temps. La robe est garantie par un vaste manteau également en papier huilé, et rien n’est plus surprenant que cette superposition d’habits d’un nouveau genre, dans lesquels se promènent, étrangement engoncés, les graves citadins qui ne circulent pas en chaise.

Il me faudrait tout un chapitre pour raconter la