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La cause de tout cela est dans la pauvreté des Coréens. Malgré ce mouvement qui anime les quartiers populaires, le commerce ne rapporte que de maigres bénéfices, et leurs masures de boue et de paille — un capital pour eux — ne valent guère plus de 200 francs !

Nous apercevons maintenant les toits du temple de la Guerre bâti en 1600. Enfin nous voici à l’extrémité du faubourg et les premières rizières apparaissent dans une plaine basse traversée par le canal de la ville. Le Pouk-hane se détache bien dans le fond avec ses trois pics. En été, et surtout vus de loin, car de près c’est toujours le même aspect misérable, ces villages semés au pied des collines, cachés sous les grands arbres que respecte encore la hache du bûcheron, sont très coquets et dominés tantôt par la masse granitique des contreforts du Pouk-hane, tantôt par des bois de pins. Ceux-ci abritent quelques tombeaux de personnages illustres. Ils forment au tableau de Seoul, vu à vol d’oiseau, un fond de paysage d’une réelle beauté.

Mais voici que tout près de la route résonne avec furia un gong de bronze. C’est probablement une sorcière (car nous sommes dans le pays par excellence de la sorcellerie, du chamanisme le plus primitif) en train de pacifier l’esprit malin qui s’est emparé du corps d’un pauvre agonisant et comme le tapage augmente, on a dû lui payer une forte somme. D’ici quelques instants, le démon sera enfermé dans une bouteille et le malade guéri, à moins qu’il ne meure de ce vacarme étourdissant.

Le tramway court à travers de petites vallées au